La domination de ce modèle économique sur Internet s’explique principalement par la volatilité des usagers digitaux, et par les coûts faibles en stockage et en diffusion des services proposés. Les systèmes de cloud computing devraient d’ailleurs accentuer cette caractéristique. Les modèles économiques fondés sur la gratuité ne sont pas pour autant spécifiques à Internet: les journaux gratuits, les abris-bus, les services d’emballage de paquets cadeaux ou encore les échantillons de produits cosmétiques ont les caractéristiques de ce modèle.
La gratuité peut avoir plusieurs objectifs sur le long terme, et les modèles économiques qui en font leur composante principale ne parviennent généralement pas — dans un premier temps — à financer par leurs bénéfices leurs dépenses de maintenance et de marketing. La rentabilité de ces modèles peut reposer sur plusieurs méthodes qui sont souvent combinées.
La restriction de certains contenus, de certaines fonctionnalités ou de la capacité de stockage à un type d’usager qui n’a pas souscrit d’abonnement est très utilisée sur Internet. Cette méthode de restriction peut être utilisée pour attirer l’usager avec un service de qualité bien que bridé et à le convaincre progressivement de l’intérêt du service complet (par exemple des sites éditoriaux, des sites de téléchargement, des jeux). Ce système correspond au modèle freemium/premium et s’adresse aux usagers comme à un ensemble indifférencié. D’autres modèles économiques s’appuient sur ces méthodes de restriction en s’adressant à des catégories différenciées d’usagers. Ainsi le système de restriction peut aussi permettre le financement du service par un type d’usagers ayant un intérêt économique dans l’accès aux informations ou dans la prise de contact avec l’autre type d’usagers, et qui est prêt à payer pour visualiser l’ensemble des données du site et passer des annonces à un public élargi (par exemple LinkedIn®).
La restriction de l’accès aux usagers non abonnés par la mise en place d’un service payant après que le service a eu du succès (exemple Deezer®) et/ou la domination du marché soit avérée. Cette méthode largement pratiquée dans l’économie de l’immatériel sur Internet est souvent prohibée par le droit de la concurrence dans la mesure où elle relève de la pratique de prix prédateurs.
Le financement du service par la diffusion de publicité est aussi une méthode classique. La publicité peut être diffusée directement, ou les emplacements sur le site peuvent être loués à des régies publicitaires. Cette publicité peut être envoyée par courriel aux membres, être affichée sur le site (bannières, pop up et autres), ou intégrée dans le contenu.
Le financement du service par la collecte et/ou le traitement de données personnelles pour permettre aux régies publicitaires d’améliorer leur offre est un système de financement relativement opaque et généralement dissimulé aux usagers. Ce mode de financement est au cœur des stratégies de Google® (historiques de recherche, cookies, trackers, analyse) et de Facebook® (Facebook Connect®, Facebook Social Plugins®, Facebook Beacon®, etc.), qui vendent directement et indirectement des profils à des annonceurs publicitaires.
Le service peut aussi être financé par un système de donations volontaires (par exemple Wikipedia®, certains groupes de musique, etc.).
Le crossmédia appliqué aux modèles du gratuit peut permettre de financer l’accès gratuit à partir d’un support par l’accès payant à partir d’un autre support. Certaines offres d’écoute de musiques ou de jeux sont ainsi gratuites sur ordinateurs et payantes sur téléphone portable. Le crossmédia permet aussi de donner à l’usager un plus grand choix dans le mode de payement pour l’accès au service premium: il pourra ainsi payer par carte bancaire ou service de payement sur ordinateur, avec le micro paiement par téléphone mobile ou acheter le service physiquement dans un point de vente. Par ailleurs le crossmédia permet d’adapter les publicités proposées au type de support utilisé et éventuellement de n’en diffuser que sur certains supports.