Mettre des mots sur l’avenir de l’interface, voilà quelque chose de difficile car cela demande une réflexion par anticipation. Nous pouvons constater, à travers l’histoire que les prévisions, peu importe le domaine, sont pleine d’imagination et de créativité mais sont rarement validé dans les faits car pensés dans un modèle ancien, sans prendre en considération les nouveaux facteurs qui influent l’époque et modifient ex-post le réel comportement des individus.
L’interface du futur, c’est peut-être «quelque chose qui est dématérialisé, mais qui n’a plus rien à voir avec l’ordinateur» disait Greg Madison, designer d’interfaces, lors des Microsoft Techdays 2015.
Cette phrase est pertinente car elle vise indirectement l’idée de la fin de l’interface traditionnelle de “bureau” tel que nous la connaissons actuellement.
On peut remarquer que l’interface, depuis ses débuts, a été influencé par une structure commune, notamment celle de l’idée de l’affichage “desktop”, modèle encore inspirant jusqu’à aujourd’hui. L’arrivée progressive de la réalité virtuelle ainsi que de la réalité augmenté pour le grand public semble enterrer peu à peu ce “code traditionnel” de l’interface dans l’imaginaire collective.
L’émergence dans les foyer des casques virtuels et des lunettes en réalité augmenté pourrait permettre le développement de nouvelles interfaces, mettant fin à l’interface de bureau tel que nous le connaissons.
Ces nouvelles interfaces ont pour ambition de mélanger progressivement le réel et le virtuel afin d’apporter des nouvelles possibilités, non envisageable avec les appareils actuels. Étant donné que le modèle est encore émergent, il est impossible de se prononcer sur l’aspect détaillé de ces interfaces futuriste. Lesquelles vont s’imposer et mettre en place un standard ?
On peut trouver des embryons assez prometteur, à l’instar de Expéditions, une application google à visée éducative. Expéditions permet à des enseignants d’accompagner leurs élèves dans des excursions virtuelles, afin d’explorer des lieux tels que des musées, le milieu sous-marin et même l’espace. Elle fournit ainsi une collection d’expéditions associant contenus en réalité virtuelle et supports pédagogiques, à utiliser en complément d’un programme de cours. Ici, l’interface peut amener à modifier les modèles d’éducation.
Autre exemple, les interfaces prototype capable d’afficher directement un objet en trois dimensions sur un support physique (on pense notamment à une version repensée de Photoshop pour la réalité augmentée), avec la possibilité de modifier, d’éditer en utilisant directement ses mains dans l’espace : étirer avec les deux doigts, repousser etc, à l’instar de la pâte à modeler. La différence réside dans le simple fait que cette fois, la matière est purement virtuelle et affichée par des lunettes ou des lentilles en réalité augmenté.
On trouve aujourd’hui des d’expérimentation reliées à HoloLens et Meta2 (casques de réalité augmenté), présentant les mêmes caractéristiques :
– Menu d’application virtuel s’affichant sur une surface réelle, voire se connectant aux objets du quotidien.
– Télévision virtuelle directement projetée sur le mur, avec possibilité d’agrandir ou réduire l’écran.
Pour donner un exemple concret, on pourrait imaginer le cas d’une aide de réparation en direct. La VR permettrait à un individu de communiquer avec le réparateur grâce au casque, comme on le fait aujourd’hui avec téléphone.
Au lieu d’envoyer une photo, on communiquerait directement en VR, tout en ayant la possibilité de modifier la vision de notre interlocuteur afin d’être plus précis.
Nous nous orientons ainsi vers la confirmation, déjà entamé avec les smartphones, des interfaces se voulant plus “naturelles”, c’est à dire en lien avec le comportement des individus au quotidien mais surtout des interfaces mêlant le virtuel et le réel. L’avenir des interfaces pourrait s’envisager en interaction entre le réel et le virtuel, revenant à des fondamentaux minimalistes en terme de design afin de s’imprégner dans le décor.
La frontière entre le réel et le virtuel se fait déjà de plus en plus mince, c’est un fait établit qu’il faut prendre en considération afin d’adapter nos interface futures, objet de nombreux fantasmes dans la science-fiction.
Au travers des exemples cités, nous n’avons qu’un aperçu bref du futur proche. À moyen et long terme, la frontière entre réel et virtuel pourrait totalement disparaître pour laisser place à une interface virtuelle, reliée en permanance au monde réel afin de faciliter la vie quotidienne. On pourrait ainsi imaginer une interface donnant des informations détaillés et utiles en direct sur le monde qui nous entoure (nourriture, bâtiment etc…), une utilisation de l’espace afin de faciliter le travail (ex : mise en perspective virtuelle d’un menu sur une table ou un mur), les possibilités sont très nombreuses.
C’est un changement fondamental : en effet, de ces nouvelles interfaces pourrait naître une nouvelle grammaire gestuelle, avec de nouvelles relations sociales, de nouvelles manières de travailler… Un nouveau paradigme sociétal est amené à se développer. L’interface va jouer un rôle considérable, en offrant la facilité des échanges et la compréhension de ces nouvelles pratiques. Étant donné la progression de ces technologies dans notre quotidien, elles seront obligatoirement amenés à se simplifier afin de n’exclure personne.
Dans un futur plus lointain nous pourrions imaginer une interface totalement implantée dans le réel, permettant par exemple d’avoir des informations en temps réel sur chaque composant réel.
L’avenir semble également s’orienter vers un temps d’attente minimum, comme le montre PayPal et ses possibilités de paiement en “un click”. L’idée réside dans la capacité à atteindre un “outil” dans l’interface en effectuant le moins d’actions possible (concept similaire à la baisse du temps d’attente). Le développement des algorithmes prédictifs est peut-être une solution afin d’offrir à l’utilisateur une interface plus rapide.
L’utilisation de l’ensemble des sens humains pourrait paraître indispensable pour les interfaces du futur. La voix, le geste, le goût, le toucher, sont des leviers intuitif pour manipuler une interface (avec par exemple la disparition de l’écran traditionnel, qui nécessite de toucher physiquement la tablette).
De notre côté, nous imaginons l’interface du futur comme un simple “bloc virtuel” minimaliste, intégré dans la réalité afin de ne pas gêner la vue. Un outil navigable à travers l’utilisation des sens, fournissant un ensemble de possibilités technologiques, (navigation, information, logiciel etc… ). L’organisation se ferait de manière simple et intuitive, à l’aide d’algorithmes dotés d’une intelligence capable de prédire les actions que nous allons réaliser afin d’afficher immédiatement une interface pertinente sous nos yeux, sans que nous l’ayons formulé.