L’interopérabilité, sous l’angle du consommateur, permet une plus grande liberté dans le choix des produits, un usage plus complet des produits qu’il achète, facilite le passage d’une interface à une autre et donc les usages crossmédia. L’interopérabilité d’une part facilite l’innovation (l’architecture du système étant rendue transparente) et d’autre part incite à l’innovation du point de vue de la rentabilité (la dépendance à un brevet étant exclue). Sous l’angle du marché, l’interopérabilité limite les abus de position dominante, et facilite l’émergence de nouveaux acteurs en diminuant les barrières à l’entrée du marché, ce qui a pour effet de dynamiser la concurrence.
L’interopérabilité des systèmes d’exploitation et des logiciels est nécessaire à la concurrence dans l’offre de logiciels, et ne peut être réalisée que si les spécifications de protocoles ou les codes sources sont divulgués. La Commission européenne (C(2004) 900) dans une décision confirmée par le Tribunal de Première Instance des Communautés européennes (TPICE) (2007/53/CE) a condamné Microsoft® pour abus de position dominante, pour avoir refusé l’accès aux spécifications de protocoles des systèmes d’exploitation pour serveurs de travail. Ces informations étaient indispensables aux concurrents, alors que Microsoft® se trouvait en position dominante sur le marché connexe des systèmes d’exploitation pour PC, caractérisant une barrière à l’entrée du marché. Microsoft® a été notamment condamné à divulguer ces informations. Dans cette décision le TPICE a affirmé que la limitation de l’interopérabilité par un acteur quasi monopolistique cause un préjudice indirect aux consommateurs. La réduction de l’interopérabilité d’un système par un acteur dominant peut réduire la compétitivité sur le marché en question ou sur un marché connexe. Cette méthode est assimilable à un effet de levier d’un marché sur l’autre. Cette limitation de l’interopérabilité peut parfois être contreproductive, car elle incite les concurrents à créer des écosystèmes distincts et moins couteux pour le consommateur.
Le marché des systèmes d’exploitation crossmédia émerge à peine et les questions de l’interopérabilité et de la création d’écosystèmes semblent centrales. Le marché semble plutôt se centrer sur une concurrence entre écosystèmes fondés autour de systèmes d’exploitation propriétaires. Apple® continue ainsi de proposer son système d’exploitation avec ses propres supports (solutions complètes), alors que Microsoft® et Google® cherchent à imposer un standard multisupport porté par des constructeurs partenaires. Les systèmes d’exploitation crossmédia ouverts sont encore peu représentés sur le marché.
L’interopérabilité dans le crossmédia s’analyse aussi sous l’angle des formats de fichiers. Les œuvres de l’esprit (musique, film, livre, etc.), pour être pleinement accessibles aux consommateurs, dépendent de l’interopérabilité des supports sur lesquels elles sont fixées ou des techniques de compression utilisées. Une musique achetée sous forme de disque ou sur une plate-forme de téléchargement pourra être protégée par des DRM. La musique ne pourra pas nécessairement être lisible directement ou même convertible dans un format reconnu par certains lecteurs ou types d’appareils. Par ailleurs, les DRM et restrictions de compatibilité par format de compression limitent réellement l’interopérabilité en restreignant les possibilités de copies.